Désigné début octobre pour succéder au falot Ban Ki-moon au poste de secrétaire général des Nations unies, l’ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres fait l’unanimité au moment de sa prise de fonction, dimanche 1er janvier 2017.
Antonio Guterres, qui succède ce dimanche 1er janvier à Ban Ki-moon au poste de secrétaire général des Nations unies, apparaît bien comme « l’homme de la situation ». L’homme le mieux armé humainement et intellectuellement pour s’atteler à ce que certains de ses prédécesseurs ont décrit comme « le job le plus difficile du monde ».
Fait assez rare pour être souligné, le 5 octobre dernier sa désignation s’est faite à la quasi-unanimité : treize voix sur quinze et deux abstentions, une nomination qui s’est déroulée à l’issue d’auditions publiques, ce qui, là encore, n’était pas dans les habitudes de l’institution new-yorkaise, autrefois baptisée « le machin » par le général de Gaulle. Signe qui ne trompe pas, ses concurrents pour le poste (cinq hommes, six femmes) ont salué sa victoire, à l’image de la Costaricienne Christiana Figueres qui, bonne perdante, a tweeté ceci : « Résultat doux-amer. Amer : ce n’est pas une femme. Doux : de loin le meilleur dans la course. Félicitations Antonio Guterres ! Nous sommes tous avec vous ». Même le personnel de l’ONU (41 000 personnes) s’est réjoui dans sa très grande majorité de la désignation de celui qui est devenu aujourd’hui son patron pour au moins les cinq ans qui viennent.
Qui est António Guterres?
Vendredi, le Sud-Coréen Ban Ki-moon a fait ses adieux à l’Organisation des Nations unies. Ce 1er janvier, l’institution septuagénaire accueille son nouveau patron, le Portugais António Guterres, désigné début octobre.
Socialiste et catholique
Né à Lisbonne le 30 avril 1949, le jeune António Guterres, ingénieur de formation, s’engage dans le Parti socialiste en 1974, année de la «révolution des œillets», qui chasse le dictateur Salazar. Deux ans plus tard, il est élu au Parlement où il siégera pendant dix-sept ans. En 1992, il devient secrétaire général du Parti socialiste, avant d’être propulsé Premier ministre de 1995 à 2002. Il prendra également la tête de l’Internationale socialiste de 1999 à 2005. Sa femme, Catarina Marques de Almeida Vaz Pinto, est chargée culturelle au conseil municipal de Lisbonne. Il a deux enfants de sa première épouse, morte d’un cancer en 1998. Catholique, il se dit «personnellement opposé à l’avortement». «Je pense que la vie est une valeur extrêmement importante qui doit être préservée», a-il déclaré à la radio en 1997, refusant de faire campagne pour le référendum national sur la dépénalisation de l’IVG proposé par son propre camp. Redoutable tribun, il soulève les foules en portugais, anglais, français et espagnol. Il était en poste quand la colonie de Macao est revenue sous souveraineté chinoise, en 1999, ce qui lui vaut, semble-t-il, de bonnes relations avec Pékin. L’actuel président portugais l’a désigné comme «le meilleur d’entre nous». Malgré tout, selon le quotidien El País, il n’a pas laissé de grandes traces en tant que dirigeant.
Engagé auprès des réfugiés
Dès 1991, António Guterres a créé le Conseil portugais pour les réfugiés. Rien d’étonnant alors qu’il dirige de 2005 à 2015, le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR). Alerté par le «plus important nombre de déplacés dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale», le diplomate réforme en profondeur cette institution, en réduisant d’un tiers les effectifs au siège de Genève, pour mieux répartir les importants fonds du HCR sur ses différentes missions sur le terrain. Son expérience lui a donné une bonne connaissance, entre autres, du conflit en Syrie, au Yémen et au Soudan du Sud. Des atouts qui lui seront précieux pour son mandat à la tête de l’ONU et qui lui valent le respect du milieu des ONG.