Pour un deuxième référendum constitutionnel

ven, 22/09/2017 - 12:15

L'académicien et chercheur Moussa Ould Ebnou prône une présidence collégiale de l'exécutif mauritanien.
Au moment où certains s'alignent déjà pour la course à la succession de Mohamed Ould Abdelaziz, chacun caressant le rêve de régner à partir du palais gris, muni des pouvoirs absolus qu'accorde la constitution actuelle au Président de la République, on est en droit de se demander si cette première institution de l’État, la Présidence, est immuable ?  Je n’appelle pas à supprimer la Présidence comme on a fait pour le Sénat, ni à la remplacer par des Présidents de région, comme les super-gouverneurs des états américains, je demande simplement à la réformer pour l’adapter aux changements sociaux.

La Mauritanie vit une situation sans précédent : l’État ne garantit plus le lien social ! Le pays vit une fracture ethnique qui menace la cohésion sociale et l’unité nationale. La bombe ethnique ne peut être désamorcée que par un exécutif collégial, représentatif des Mauritaniens sans exception et qui protège le pays contre la tyrannie d'un seul. Comme dit l’écrivain Camerounais Ndzana Seme, l’exécutif collégial dirigé par plusieurs présidents constitue « la solution idéale pour un pays multiethnique larvé par la gangrène du tribalisme, car il permet de mettre à la tête du pouvoir exécutif un groupe d'individus originaires de différentes régions du pays, contrairement à un président de la République tout puissant qui focalise et exacerbe les haines tribales et régionales fondées sur sa personne. Car un chef d'État tout puissant est regardé, lui et sa tribu et sa famille, comme celui à qui la propriété de tout le pays a été confiée… »

La Mauritanie multiethnique peut-elle encore continuer à confier sa destinée à un seul individu ? J’appelle à réviser la constitution pour instituer deux postes de vice-présidents, un premier Vice- Président hartani et un deuxième Vice-Président négro-africain. Beaucoup de pays dans le monde ont des constitutions qui prévoient un ou plusieurs Vice-Présidents. En voici la liste par continent : Afrique : (Afrique du Sud, Botswana, Burundi, République de Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, République arabe d’Égypte, Ghana, République du Kenya, Libéria, Nigéria, Ouganda, Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Soudan du Sud, Zambie) ; Amérique: (États-Unis, Brésil, Colombie, République dominicaine, Suriname, Venezuela); Asie : (Indonésie, Inde, Syrie, République du Yémen) ; Europe : (République bulgare).   

Les nouveaux Vice-Présidents ne seront pas des corbeaux «tournoyant autour du président pour lui rappeler qu’il est mortel», comme disait Lyndon B. Johnson à propos de la fonction de Vice-Président des États unis, mais travailleront à des tâches sérieuses et piloteront des dossiers spéciaux. Le Président pourra même leur attribuer de gros portefeuilles ministériels comme les Affaires étrangères, les Finances, la Défense ou la Justice. La collégialité peut faire de la Présidence de la République une institution forte, respectée par tous les Mauritaniens sans exception.

Les Vice-Présidents aideront le Président à garantir la solidarité nationale, la cohésion sociale et l’unité nationale. Leur rôle consistera à promouvoir un développement harmonieux de l’ensemble de nos communautés nationales et à lutter contre la fracture sociale. Leur action tendra au renforcement de la cohésion économique et sociale. Ils œuvreront en particulier à réduire l’écart entre les niveaux de développement des diverses communautés nationales, lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Publié sur la page FB de Moussa Ould Ebnou

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