A MON CHER FRÈRE ELY OULD MOHAMED VALL: LE MOT QUE TU NE LIRAS POINT

lun, 08/05/2017 - 14:06

Moustapha DIOP - Un homme vient de décéder à la suite de la longue série de nos défunts. Le Colonel Ely Ould Mohamed Vall. Pour les uns, il était un Chef militaire, pour d’autres, l’Ancien Chef de l’Etat de la République Islamique de Mauritanie.

Pour moi, il demeurera le frère avec lequel, depuis notre jeune âge, 12 ans, dans la cour du Lycée de Garçons de Nouakchott en classe de 6°, nous avions noué des relations fraternelles qui se sont poursuivies à l’Ecole Militaire Préparatoire Technique (EMPT) du Mans en France, où, Dahane Ould Ahmed Mahmoud et lui-même, m’avaient fortement conseillé, harcelé et convaincu pour que je les y rejoigne. Ce qui fut fait un an après eux.

Nous avions été, ensemble, les plus jeunes membres du Comité Militaire de Salut National jusqu’au coup d’Etat de décembre 1984 qui m’avait emporté avec l’ancien Président Mohamed Khouna Ould Haidalla dont j’étais aussi un frère et un fidèle.

Après ma libération en 1988, mon opposition au régime du Colonel Maouya Ould Sid’Ahmed Taya n’avait pourtant point distendu nos rapports. Hélas, les aléas de la politique de ces dix dernières années, nous avaient éloignés l’un de l’autre pour des divergences dont j’ai eu à parler.

Aujourd’hui, l’heure est au deuil de mon frère qui s’en est allé sans que nous ne nous soyons réconciliés, après neuf longues années de brouille. Et en cela mon cœur saigne car cette inutile fâcherie pour d’éphémères postures de la vie publique ne valait point cette brutale rupture après de si longues années d’amitié, de fraternité, quand la politique nous était pourtant si inconnue, si lointaine.

A son épouse, à ses enfants, à toute la famille Ehel Eleya, à ses parents et amis ainsi qu’à toute la Mauritanie, je présente mes sincères condoléances en cette circonstance pénible.

Je prie tous ceux qui liront cette adresse de me pardonner de m’être parlé à moi-même et d’avoir relaté, inopportunément peut-être, ces faits. Mais ils m’aident à illustrer ce que disait Milan Kundera dans « L’Insoutenable légèreté de l’être ». Et aussi y trouver refuge, dans l’amertume.