Il y a quelques jours, j’ai croisé M. Hamady Lehbouss dans une mosquée. Une rencontre brève, simple, mais qui m’a laissé un goût amer. Car je me suis rendu compte que, comme beaucoup d’autres, j’avais accueilli son récent limogeage avec une forme d’indifférence — comme si c’était devenu normal, banal, attendu. Or cela aurait dû nous choquer. Cela aurait dû nous interpeller.
Car ce n’est pas un simple fait divers administratif. C’est le symptôme d’un mal plus profond : l’absence de liberté de choix politique dans notre pays. Un mal qui paralyse la vie publique et qui, à force d’être toléré, devient invisible.
Dans notre pays, il arrive encore — trop souvent — que des responsables soient limogés, marginalisés ou écartés de leurs fonctions, non pas pour faute professionnelle, mais en raison de leur opinion, de leur positionnement politique, ou de leur participation à une activité politique. Ce fut le cas de plusieurs cadres, Monsieur Elkory ould Sneiba, Fatimetou Mint Dehi, et tout récemment encore de Mr Hamady Lehbouss ( paradoxalement décoré quelques temps auparavant), Des cas passés inaperçus, alors qu’ils auraient dû provoquer une onde d’indignation.
Ces pratiques sont à dénoncer. Elles traduisent une conception dangereuse de l’État, selon laquelle l’administration appartiendrait à une ligne politique — et qu’en conséquence, toute personne s’écartant de cette ligne serait indigne d’y appartenir.
Cette logique est à l’opposé des principes républicains. Dans un État digne de ce nom, on peut être fonctionnaire, cadre, directeur — et faire librement ses choix politiques. Ce n’est pas une faveur : c’est un droit. Et ce droit doit être défendu, revendiqué, garanti.
Tant que des fonctionnaires ou des citoyens seront sanctionnés pour leurs opinions, tant que l’accès ou le maintien dans l’administration dépendra de la loyauté à une ligne politique, il n’y aura pas de démocratie réelle.
Il faut le dire, il faut le dénoncer pour rappeler une évidence : l’administration appartient à la République, pas à un parti.
Maitre Ahmed Salem Bouhoubeyni
27/07/2025