Les tweets de Nathalie YAMB
Ces deux derniers jours, j’ai vu passer dans mon fil d’actualités des vidéos de femmes sauvagement frappées par des meutes d’hommes. Les scènes se passaient dans la rue, dans un marché, quelque part en Afrique. Cela m’a rappelé la violence obscène que certains sud-africains noirs nous offrent à intervalles réguliers en cognant, en brûlant d’autres Africains.
J’aurais aimé que l’homme africain emploie la même énergie qu’il met à frapper son/sa semblable pour punir le colon.
Vous savez, celui qui vous vole, tous les jours, en pratiquant des frais bancaires outrageants, des tarifs téléphoniques spoliateurs, des taux d’intérêt exorbitants, des prix hypertrophiés dans des boutiques ou magasins, celui qui vous donne un salaire mesquin, qui vous parle mal au boulot, qui vous fait travailler 15h par jour, 7 jours sur 7, qui fait acheter votre récolte de cacao à un prix merdique, celui qui imprime votre monnaie pour la distribuer aux terroristes qui achètent des armes pour vous tuer, voler votre bétail et vous chasser de vos terres, celui qui vous impose des dictateurs à la tête de vos États ou fait assassiner les dirigeants qui travaillent pour vous…
Mais non! Avec eux, vous êtes polis, obséquieux, courtois. Face à eux, vous avalez votre colère, votre frustration, votre dépit, pour aller la régurgiter sur des femmes et des hommes noirs qui sont, comme vous, des victimes du colon ou de ses proconsuls locaux.
Ce n’est pas le fait d’arracher une robe à une femme qui a volé un pagne au marché ou de la rouer de coups ou de la frapper avec un barre de fer qui fera de vous un homme.
Si vous vous sentez trop garçon, aller cravater le directeur d’Orange, de Nestlé ou de la Société générale, giflez votre boss, urinez et mouchez vous dans la sauce que vous servez à vos patrons, huez le ministre, brûlez vos francs cfa…
Les criminels ne sont pas ceux qui galèrent comme vous et qui commettent des petits délits pour survivre ou nourrir leurs familles.
Les vrais criminels sont ceux qui adoptent des lois et des politiques qui vous maintiennent dans la pauvreté, qui détournent des milliards ou protègent ceux qui détournent des milliards, ce sont ceux qui acceptent de continuer d’utiliser une monnaie qui empêchent votre progrès et l’industrialisation de votre pays.
Les vrais criminels sont ceux qui vous parlent à longueur de journée de changement climatique et du devoir de protéger la planète alors qu’ils vous imposent la misère et la mort au quotidien.
Si vous avez trop de testostérone et un excédent de brutalité que vous ne savez pas comment évacuer, attaquez vous à ceux-là. Ce sera plus utile.
Pour finir, je vous rappelle que personne ne nous aime, nous les noirs, nulle part dans le monde. Si nous n’apprenons pas à nous aimer nous-mêmes, à nous aimer entre nous, alors bientôt, nous cesserons d’exister, et ils auront ce qu’ils ont toujours voulu: l’Afrique, sans les Africains.