GAMBIE : Les heures les plus longues

mer, 18/01/2017 - 10:15

En Gambie, il ne reste plus que quelques heures, (Ndlr, lé 19 janvier à 00h00) pour que le mandat du président sortant Yaya Djammeh vienne à terme. A cette date, Adama Barrow, le président élu devait être investi dans ses nouvelles fonctions de président de la République de Gambie et une cérémonie de prestation de serment devrait avoir lieu, couronnant ainsi la passation du pouvoir entre le président sortant et son remplaçant.

Mais tout cela risque malheureusement de ne pas avoir lieu, car le pays est plongé, depuis le 09 décembre dans une crise depuis que le président battu aux dernières élections a dit qu’il ne reconnaissait pas la victoire de son rival. Cette crise s’accentue de jour en jour et arrive à son pic après la déclaration de l’état d’urgence dans le pays « où prévaut une situation qui, si elle n'est pas enrayée, pourrait conduire à une situation d'urgence nationale », selon les termes même du président Djammeh.

Selon la Constitution, l’état d’urgence dure sept jours lorsqu’il est proclamé par le chef de l’Etat, mais peut être porté à quatre-vingt-dix jours avec l’approbation de l’Assemblée nationale.

Face à l’intransigeance de Djammeh qui croit dur comme fer que l’élection a été truquée,  la pression extérieure ne fléchit pas.Forte du soutien des Nations Unies et de l’Union Africaine, l a Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a dépêché  deux missions de médiation à Banjul n’est pas parvenu à convaincre Djammeh de quitter le pouvoir. La CEDEAO avait prévenu à plusieurs reprises qu’elle pourrait avoir recours à la force en dernier ressort. Des sources concordantes signalent qu’un navire de l’armée nigériane, le USS Unity a quitté les eaux nigérianes en direction de la Gambie.

Dakar, capitale de la Gambie

Le président élu A dama Barrow est accueilli au Sénégal depuis le 13 janvier par le président Macky Sall. Il est fort probable qu’il restera en exil au Sénégal où une cérémonie officielle de son investiture pourrait être organisée dans l’ambassade de son pays à Dakar. D’autres hypothèses sont avancées comme une probable cérémonie d’investiture dans un coin de la Gambie, autre que Banjul, mais une cérémonie à Dakar reste la plus plausible. Le Sénégal a accueilli depuis le déclenchement de la crise gambienne plusieurs ministres démissionnaires du gouvernement de Djammeh et plusieurs gambiens fuient vers le « grand voisin », évitant ainsi les risques de guerre civile ou d’intervention militaire extérieure. Cette situation qui a conduit certains observateurs de parler de Dakar comme une nouvelle ou une deuxième capitale de la Gambie.

La médiation se poursuit

Même si le président sortant continue de s’accrocher à un pouvoir qu’il dirige depuis plus de vingt ans, son départ n’est toujours pas exclu. Certains chefs d’Etats croient toujours en une solution pacifique à la crise gambienne. On parle de plus en plus de médiations guinéenne ou marocaine et la diplomatie n’a peut être pas dit son dernier mot.

Tous les regards sont rivés ces dernières heures sur la Gambie, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest qui compte une importante colonie mauritanienne. Nos compatriotes qui y vivent doivent prendre toutes les précautions nécessaires et le gouvernement mauritanien doit les aider à se sécuriser et sécuriser leurs biens et parer à toute éventualité. Déjà certains Etats comme la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, les deux pays qui comptent le plus grand nombre de touristes en Gambie, ont conseillé à leurs ressortissants d’éviter de s’y rendre ou d’en repartir s’ils s’y trouvaient, sauf raison impérative.