Crise gambienne : la médiation mauritanienne aurait-elle échoué ?

jeu, 19/01/2017 - 12:57

La situation en Gambie reste confuse et les informations distillées dans la presse contradictoires. La médiation mauritanienne initiée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, à quelques heures de la fin de l’ultimatum lancé par la CEDEAO au président Djameh le mercredi 18 janvier 2017 à zéro heure, a-t-elle réussie ? La question reste posée à l’heure où le chef de l’Etat mauritanien a regagné Nouakchott après une valse qui l’a conduite auprès du président sortant Yaya Djamé, pour le convaincre de céder le pouvoir, puis à Dakar où il a eu un tête-à-tête avec le président Macky Sall du Sénégal et le nouveau président élu de Gambie, Adama Barrow.
Certaines sources ont en effet soutenu que «Yaya Djammeh a capitulé et qu’Adama Barrow prêtera serment à Banjul ce jeudi 19 janvier à 16 heures » en affirmant que le président sortant de la Gambie a finalement accepté de quitter le pouvoir contre un asile en Mauritanie. D’autres sont allés plus loin, en déclarant que le président gambien serait venu dans l’avion du président mauritanien, ce qui s’est avéré faux.
Des sources de presse sénégalaises ont à leur soutenu que Barrow sera finalement investi à l’ambassade de Gambie à Dakar, faute de pouvoir le faire au Stade de Banjul pour des raisons de sécurité. Il semble en effet que le président Djammeh soit toujours au Palais de Bakao et qu’il s’apprêterait à le quitter dès que son tombeur à l’élection présidentielle du 1er décembre 2016 rentrerait au pays.
Alors que certaines sources de presse saluent la perspicacité du président Mohamed Ould Abdel Aziz d’avoir évité une guerre en faisant plier Yaya Djammeh, d’autres sources parlent du refus catégorique de ce dernier à céder le pouvoir.
Ce qui est sûr, la médiation du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a joué au sauveur de la dernière minute, reste l’ultime chance avant que les armées de la CEDEAO stationnées aux frontières entre le Sénégal et la Gambie, ne délogent Djammeh de son fauteuil.
A rappeler que le président Mohamed Abdel Aziz a déjà eu à mener avec d’autres chefs d’Etats africains, dans le cadre d’un mandat de la Commission Paix et Sécurité de l’Union Africaine, à plusieurs médiations qui se sont terminés par un règlement militaire. Il s’agit de la Côte d’Ivoire et de la Libye en particulier.
A entendre les experts militaires sénégalais, il n’y aura pas bataille, car l’armée gambienne ne se battrait pas, mis à part la garde prétorienne de Djammeh et quelques irréductibles de son camp.
A rappeler que le Sénégal est intervenu à deux reprises, en 1980 et en 1981 pour rétablir l’ordre constitutionnel en Gambie, du temps de l’ancien président Diawarra, renversé par un coup d’Etat alors qu’il se trouvait en vacances en Angleterre.
Si Yaya Djammeh réfute l’asile que lui aurait proposé la Mauritanie, après celle accordée par le Nigéria et paraît-il le Maroc, l’usage de la force des armées de la CEDEAO formées du Sénégal, du Niger, du Nigéria, du Bénin et du Mali, risque d’être enclenchée dans les prochaines heures.

Cheikh Aïdara