FNDU - Le pouvoir continue à jouer la comédie de ce qu’on appelle référendum, persistant dans son entêtement à violer la Constitution et les lois, à dilapider des milliards qui auraient dû servir à alléger les souffrances du peuple, à agglutiner les populations en pleine période d’été et à monopoliser les médias publics pour la consécration du tribalisme, du régionalisme et de toute sorte de clivages de nature à diviser le peuple.
Le but de tout ce manège est d’imposer la volonté d'un individu contre l'autorité légitime des institutions constitutionnelles, qui ont rejeté les amendements constitutionnels du pouvoir et contre la volonté du peuple qui a exprimé, à plus d’une occasion,
son rejet des mêmes amendements qui ne résolvent aucun des problèmes urgents du pays et des citoyens, mais contribuent, au contraire, à l’aggravation de la crise politique et l’approfondissement des divergences au sein des populations, alors que ces dernières n’ont jamais eu plus besoin de conjuguer leurs forces et de consolider leur cohésion et leur unité.
Un nouveau chapitre de cette farce est aujourd’hui en cours, à travers ce que le pouvoir appelle « le recensement complémentaire à vocation électorale ».
À cet égard, nous réaffirmons les faits suivants:
En principe, il n’est pas possible aujourd’hui, d’organiser en Mauritanie un scrutin crédible sur la base de la liste électorale existante, avant une révision totale du fichier électoral, qui n’est pas mis à jour depuis plusieurs années. La liste électorale actuelle ne compte qu’environ un million trois cents électeurs, alors que vraisemblablement, elle ne devrait pas en compter moins de deux millions cinq cent au regard de la pyramide des âges. Est-il possible de procéder à un vote crédible en l'absence d'environ la moitié des électeurs potentiels ?
S’agissant de la pratique, peut-on compenser ce gap fort dommageable en vingt jours seulement, qui plus est pendant lesquels les conditions les plus élémentaires ne seront pas réunies pour l'enregistrement de quelques dizaines de milliers de personnes, à fortiori pour l’inscription de centaines de milliers d'électeurs, surtout en cette période où les agriculteurs désertent leurs villages pour aller dans les villes en quête de travail et où les éleveurs quittent leurs zones de transhumance à la recherche de pâturages ; une période où nombre de citoyens sont privés de leurs papiers d’identification à cause des nombreux obstacles que l’Agence d’Etat civil s’évertue à placer devant eux pour diverses raisons.
L’état anormal du fichier électoral actuel est le résultat de causes multiples et fondamentales, qu’il n’est pas possible d’occulter par le biais du « recensement complémentaire » actuel qui, du reste, n’est en rien différent des autres décisions relatives au « référendum ».
Les citoyens ont été privés du droit garanti par la loi à une révision totale obligatoire des listes électorales chaque année, pendant trois mois consécutifs. Le pouvoir s’est contenté, au cours des dernières années, d'ouvrir des révisions « complémentaires » éclairs à l'occasion des élections unilatérales organisées ces dernières années. On sait que le recensement électoral complémentaire n’a de sens et n’est envisageable qu’en cas de révision régulière du fichier électoral et de respect des dispositions qui exigent une révision annuelle de la liste électorale ; chose dont les Mauritaniens ont été privés tout au long des dernières années.
Personne n’ose contester l'impossibilité de préparer un fichier électoral crédible et une liste électorale complète sous le règne des pratiques suivies par l'Agence de l’état civil, faites d'opacité, de manque de transparence, de complexité des procédures et des coûts et d’éloignement des centres d'enregistrement des citoyens - à la fois à l’intérieur du pays et à l'étranger – de privation intentionnelle de larges pans de la population de leur droit d'obtenir des documents civils.
Le Forum National pour la Démocratie et l'Unité:
- réaffirme que tout scrutin tenu dans les conditions actuelles et en l’absence d’une révision sérieuse du fichier électoral et de l’élaboration d’une liste électorale complète manque de la crédibilité et ne reflètent pas la volonté des citoyens.
- réitère sa demande d’une révision du fichier électoral transparente, consensuelle et urgente, ainsi que l’élaboration d'une liste électorale complète, avec la participation de toutes les forces politiques et sociales, de sorte qu’il soit loisible aux Mauritaniens d’exercer leur droit d'exprimer leur volonté à l’occasion des futurs scrutins. Il invite l’ensemble des forces nationales et tous les citoyens à imposer ce droit fondamental, sans lequel tout scrutin restera de légitimité et de crédibilité manquantes.
- Invite ceux qui remplissent les conditions d'inscription sur la liste électorale actuelle de prendre l'initiative de s’enregistrer, afin d’assurer leur droit de boycott ou de vote.
- renouvelle son rejet ferme du processus que le pouvoir s’obstine à tenter d’imposer, afin de faire prévaloir les caprices d’un seul individu sur les dispositions de la Constitution, l'autorité des institutions et la volonté de la grande majorité de tout le peuple.
Nouakchott, 18 mai 2017
La Commission exécutive